Prolifération des sangliers Les agriculteurs dénoncent des indemnités insuffisantes
Cas particulier dans une région à dominante polyculture-élevage, Etienne Maillard est agriculteur céréalier dans la Meuse. Il cultive sur son exploitation du colza du blé et de l’orge. Victimes récurrentes des sangliers, il a créé avec d’autres agriculteurs une association, Les Robins des Champs*, destiné à lutter contre la prolifération des ces animaux dans la région. Lumière sur une polémique où les agriculteurs ne semblent plus trouver leur compte.
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Terre-net Média : Depuis combien de temps les populations de sangliers posent-elles problème ?
Quand les sangliers passent, les cultures trépassent! (© Etienne Maillard) |
TNM : Quelles sont les parcelles les plus touchées ?
E.M. : Les parcelles les plus touchées sont en bordure de bois principalement. La zone dans laquelle je me situe, le village d’Euville, est en plus encadrée par les bois. Ainsi, presque toutes les parcelles peuvent potentiellement subir des dégâts. Avec 37% du département en forêt, elle n'est finalement jamais loin des cultures. Nous les voyons également de plus en plus en ville. Ils sont mêmes venus manger des pommes dans mon jardin.
TNM : Concernant les dégâts causés, quelles sont les modalités prévues pour indemniser les agriculteurs touchés ?
E.M. : Depuis une cinquantaine d’années environ, les chasseurs se sont engagés à rembourser les agriculteurs pour les dégâts que cause le gibier sur les cultures. Avec l’explosion des populations et donc l’explosion des dégâts, la Fédération de chasseurs doit donc rembourser aux agriculteurs des sommes de plus en plus élevées. Sur le département de la Meuse, 2,5 millions d’euros ont été remboursés aux agriculteurs en 2008, contre 1,6 million en 2007. Certains agriculteurs peuvent subir jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros de dégâts. Ces derniers restent variables en fonction des années.
Les vergers non plus ne sont pas épargnés. (© Etienne Maillard)
TNM : Pensez-vous être correctement indemnisés ?
E.M. : Non, le système d’indemnisation n’est plus adapté. Il ne prend en effet pas, en considération les dépenses annexes engendrées. En effet, nous ne sommes indemnisés que pour les dommages directs causés. Ainsi, nous estimons « à la louche », le montant des dégâts indirects à l’équivalent des montants perçus. La casse du matériel dans les trous est aussi non négligeable. D’autre part, ces dégâts indirects endommagent fortement le cycle de production dans le cas d’un éleveur, une prairie détruite met en péril l’alimentation du troupeau et oblige l’éleveur à acheter la quantité qui manque. Pour anecdote, un agriculteur biologique élèvant des poulets sème une association de céréales et de légumineuses. Il paye un salarié pour réaliser les rations. Les sangliers ont mangé les légumineuses dans le champ. Les rations manquent ainsi de protéine qu’il va devoir acheter et le salarié sera finalement payé pour rien. On note également un risque de listéria dans les ensilages d'herbe suite au passage des sangliers. La bactérie contaminerait, en effet, le lait qui ne pourrait plus être utilisé dans la filière lait cru.
Comment en est-on arrivé là?Nous vous proposons une explication possible donnée par Etiienne Maillard : Découvrez également les actions menées par l'association créée par Etienne Maillard, les Robins des Champs : |
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